Lorsqu'il est question d'eau, la Terre et le corps humain d'un adulte offrent le singulier parallèle de contenir à peu près 60% du précieux liquide. Ce lien n'est pas seulement anecdotique, il est révélateur de notre alliance vitale avec la planète.

La fonction des terres humides, à l'instar des reins qui veillent notamment à l'homéostasie du corps humain, assure le maintien d'un délicat écosystème. En effet, les zones marécageuses conservent et purifient l'eau garantissant l'équilibre du biotope ainsi que la survie de la faune et la flore environnantes. Malheureusement, depuis le début du XXe siècle, plus du deux tiers des zones humides métropolitaines ont disparu. Une situation alarmante essentiellement due aux activités humaines: forêts fragmentées, marais drainés, pollutions chimiques et organiques, etc. Dans cette perspective, la sculpture «Renibus» porte à la réflexion, à la fois par la situation préoccupante des terres humides et, conséquemment, face à notre engagement citoyen envers la santé de la planète bleue.

D'un point de vue formel, la monumentale sculpture «Renibus» renvoie à un organe draineur essentiel du corps humain : les reins. La structure présente en son milieu des chapelets de formes rondes, d'autres déliées et entrelacées, symbolisant la complexité fondamentale d'un processus organique tel que la purification des liquides. Des structures tantôt inspirées des rubaniers, ces plantes typiques des marais, tantôt par des oeufs d'amphibiens et de poissons, par de l'humus, etc. Le traitement formel de l'œuvre suggère avec une patiente poésie le fascinant «mouvement» d'un cycle naturel. Une parfaite circulation d'énergie s'organisant entre les êtres, la matière et les états nourriciers. À travers cette symbolique de la purification, l'œuvre de White et White nous rappelle doucement à notre responsabilité de co-créateur, à cette vigile renouvelée qui collabore à l'ordre intelligent de la Nature.