Textes de Sylvie Alice Royer *






Alter ego

Je repose au creux de ton rêve,
Dans l’apnée de ta respiration.

Tu me pressens dans le bercement de l’onde
Tel un reflet à jamais altéré,
Cherchant à recréer l’image de ta complétude.

Je suis ta légende oubliée.











Vertigo

L’appel de mes profondeurs est lié aux étoiles.

L’onde, étrangement, porte à la verticalité, car au-dessus résident les grandes eaux. Si mes reflets capturent sans cesse ton image, c’est pour te rapprocher de ton essence cosmique.











Le son de l'eau

L’eau se fait cristalline à l’oreille attentive.

Dans la vacuité du moment présent, je pose mon esprit sur la surface moirée. J’entends résonner son grand corps aqueux : un message s’y trouve secrètement encodé depuis les lointaines Pléiades.

L’eau de mon corps s’amalgame tout doucement à ces molécules réceptrices, organisant la parfaite syntonie, alors je peux recevoir les paroles oubliées de Nibiru :



Les miroirs irisés renvoient à l’altérité du premier songe
Semblable apogée se perpétue en ton être
Conscient de ton héritage sublime
Écoute le chant dans tes vaisseaux vermeils :
C’est l’eau mystique qui agit sur le Monde.











Materia prima

La mort de l'eau est plus songeuse que la mort de la terre :
la peine de l'eau est infinie

Gaston Bachelard
Extrait de L'Eau et les rêves



Boire à ma source, c’est boire à ton âme.
Tu m’absorbes, je te confonds.

Saisissement !
Je me dégrade dans les eaux souillées du grand fjord
Telle la triste Antarctique où les banquises orphelines
S’évanouissent au-delà des mers australes.

Les Adélies témoigneront entre eux
De mes retournements.

Materia prima











La forêt inondée

L’eau réfléchit continûment les aspirations des hommes, offrant à chacun le miroir impeccable où observer ses chimères. La mémoire océane contient ainsi l’ensemble du songe humain, telle une « reliance » essentielle à l’éveil de la conscience :

Une forêt de symboles inondés sous la marge des effleurements.

Une réfraction sans tain en perpétuel ravissement d’elle-même.

Un rêve narcissique dont on s’éveille peu à peu.

L’eau











Miroir Nord-Miroir Sud

Je regarde,
J’écoute
Cette imperceptible onde acoustique qui provient de l’abysse.
Le geignement distant d’un grand lamantin qui me remue jusqu’aux entrailles.

Je perçois chaque goutte corrosive tombée de l’ignorance des hommes s’animer sous mes pieds et former une abominable nappe saumâtre.

J’entends,
Je vois
Ces particules abusives qui imitent la vie
Je les observe au cœur du plancton marin.

L’océan dans mon œil,
Un soleil brouillé,

Je constate l’immense fragilité des horizons.











La goutte d’eau

La chrysalide éphémère s’extirpe doucement de sa cache utérine,
Embellie, ennoblie,
Étonnée du passage,
Autre.

Un désir de transmutation habite pareillement le corps de la femme,
Un hiatus doré dans la masse des os,
Un nid vibrant où rejoindre la source.

Suspendue entre l’inspire et l’expire :
La goutte d’eau.











Aquifère

Je porte sur mon front les signes radieux de Nibiru, Nemesis et de Mardouk.

Une eau scintillante ruisselle sur mes yeux étoilés.
Mes cheveux sont les herbes folles qui tissent enfin le voile nouveau où enlacer la Mère. Mes baisers reconnaissants tombent sur toutes les générations.

Gaïa
Ma planète outremer











Aqua Mechanica

Je suis un cristal liquide
Dont la géométrie sacrée jouerait des fluides.
Sous la membrane de mon Être
Un étrange processus est en mouvement :
Aqua Mechanica.

Derrière le voile, l’énigmatique mécanisme
Porte mes gestes et berce ma durée.
La nature y œuvre en silencieuses implosions
Afin que mille recommencements assurent mon voyage.

Je suis un marcheur d’étoiles
Réfléchissant sa réalité dans la mécanique de l’onde.

En moi s’opèrent les grands changements











Renibus - L'ordre intelligent de la Nature

Les gracieux rubaniers naissent dans la molleur du limon
Persistant prodige
Ainsi l'homme-salamandre s'est extrait de la boue initiale
Tel un froment doré ensemencé du lait des étoiles

Toute l'argile de la Terre contient le Verbe
Chaque quantum d'énergie participe à l'avènement du miracle ordinaire
Un rubanier d'eau, un homme-salamandre

La vie œuvre
La vie ouvre
L'homme et le rubanier
Leur tête de bille bruit
Secouée par des doigts de vent songeurs
Le rubanier danse
L'homme observe la lune
La caboche pleine de discussions

«Explique-moi les herbes folles?»

«Ma face cachée n'est pas plus mystérieuse
Que le rubanier qui ondule dans la mare
Rénovant sans cesse l'eau lumineuse
Pénètre donc l'immense et joyeuse chorégraphie
Et trouve ton pas »

Pour écrire à Sylvie Alice Royer : yorre@ccapcable.com
 
 

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